Jean-Pierre Elkabbach, né le à Oran, est un journaliste et éditorialiste français.

Biographie

Jean-Pierre Elkabbach et Gilles Bouleau interviewent Vladimir Poutine à Moscou, le 3 juin 2014.

Né dans une famille juive d’Oran1,2, Jean-Pierre Elkabbach est le mari de Nicole Avril. Il a un frère et une sœur plus jeunes que lui. Son père, un négociant en import-export, est passionné de football et sera notamment vice-président de l’Olympique de Marseille3, sa mère est femme au foyer. Son enfance est marquée par la mort de son père le 3 octobre 1949 alors qu’il lisait une prière à la Grande synagogue d’Oran. Depuis, il est devenu « juif laïc »4 et lui a fait la promesse de rendre son nom célèbre. Après des études au lycée Lamoricière d’Oran, il décroche son baccalauréat et part pour Paris réaliser des études à l’Institut français de presse, à la faculté des lettres de l’université de Paris et à l’Institut d’études politiques de Paris5. Parallèlement, il suit des cours de théâtre, une passion acquise depuis son appartement à Oran où il entendait de son balcon chanteurs et comédiens répéter dans le théâtre d’Oran6. Au cours de ses vacances de l’été 1960 en Algérie, il entre à Radio Alger et, devant sa motivation, le rédacteur en chef le prend en stage. Journaliste à Oran, Alger et Constantine, il est arrêté, lors du putsch des généraux en 1961, par les paras qui lui reprochent d’être un pied-noir traître à l’Algérie française7. Il est alors nommé à Paris où il travaille à l’Office de radiodiffusion télévision française jusqu’en 1968, quand, pour avoir fait grève, il est mis au placard et muté à Toulouse, puis envoyé comme correspondant à Bonn8.

En 1970, il devient présentateur du journal télévisé de la première chaîne. En 1972, il rejoint la deuxième chaîne pour y occuper la même fonction jusqu’en 1974, tout en animant le magazine Actuel 2. En 1974, il présente la tranche d’information de midi de France Inter, puis il est successivement, à partir de 1975, rédacteur en chef de France Inter, rédacteur en chef à la direction de l’information de Radio France, et directeur de l’information d’Antenne 2 en 1977. En particulier, il commente le couronnement de Jean-Bedel Bokassa, empereur de Centrafrique en décembre 1977. En octobre 1979, il écarte Claude Sérillon de la présentation de la revue de presse de la chaîne dans laquelle ce dernier avait traité l’affaire des diamants de Bokassa9. De 1977 à 1981, il anime différentes émissions dont Cartes sur table avec Alain Duhamel. Durant l’une de ces émissions, Georges Marchais, secrétaire du Parti communiste, lui aurait lancé « Taisez vous, Elkabbach ! » mais aucune trace de cet incident n’a pu être trouvée dans les archives de l’Institut national de l’audiovisuel10. Cette phrase est entrée dans les mémoires par sa répétition systématique par les humoristes, au point de devenir le titre d’un livre écrit par le journaliste et son épouse, Nicole Avril, en 1992. Cette phrase semble être un raccourci d’une phrase – « me coupez pas la parole… » – que Georges Marchais avait pour habitude de lancer dans ses interviews quand il était agacé par l’intervention hâtive d’un journaliste.

Jugé proche de l’ancienne majorité, il est évincé de l’antenne à la suite de l’élection de François Mitterrand en 1981. Il rejoint Europe 1 en 19818, où il est successivement animateur de Découvertes jusqu’en 1987, directeur d’antenne et présentateur du 8 h – 9 h de 1987 à 1988, puis directeur général adjoint en 1988.

En , il devient conseiller auprès du président et du directeur général de La Cinq, Yves Sabouret. Il conservera cependant à Europe 1 ses fonctions de directeur général adjoint ainsi que ses émissions. En 1991, pour cette chaîne de télévision, il anime le magazine Pile et Face et coanime avec Pierre Géraud l’émission dominicale Dimanche, 20 h 10, Elkabbach. Il anime ensuite l’émission Repères sur France 3 de 1992 à 1993. Entre avril 1993 et juin 1994, il interviewe François Mitterrand pour le documentaire François Mitterrand : conversations avec un Président, diffusé en cinq volets après la mort du président de la République.

En décembre 1993, il est élu président de France 2 et France 3 qui deviennent France Télévisions. Il est contraint de partir en 1996, à la suite de la polémique sur les contrats qu’il a consentis à certains animateurs-producteurs, notamment Jean-Luc Delarue.

Il revient alors à Europe 1 pour animer l’émission L’invité du matin à 8 h 20 et le Club de la presse jusqu’en juillet 2000. Nommé conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe en 1990 par Jean-Luc Lagardère, il devient en directeur général de l’antenne d’Europe 1 et administrateur de Lagardère Active Broadcast, tout en conservant son émission matinale. En 2005, il est nommé président d’Europe 1 par Arnaud Lagardère, président de Lagardère Media. Il est contesté au sein de sa rédaction, d’abord en février 2006, pour avoir demandé conseil à Nicolas Sarkozy avant de choisir un journaliste politique suivant le ministre de l’intérieur11, puis, durant la campagne présidentielle de 2007, où il est accusé d’être partial en faveur du candidat de l’UMP. Après l’annonce erronée de la mort de Pascal Sevran, dans le journal de 19 heures d’Europe 1 du , qu’il considère d’abord comme « une erreur collective », il doit confirmer qu’il est l’auteur de l’information, et qu’il s’agit là d’une faute individuelle12. En mai 2008, il doit s’expliquer devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui adresse une mise en demeure à la station13. Un mois plus tard, début juin 2008, il est remplacé à la présidence d’Europe 1 par Alexandre Bompard, dirigeant jusqu’alors le pôle sport de Canal+. Tout en restant à l’antenne pour son interview matinale, Jean-Pierre Elkabbach est nommé à la tête de Lagardère News, une structure rassemblant les médias d’information du groupe Lagardère.

À partir de décembre 1999, parallèlement à ses activités sur Europe 1 et pendant trois mandats, il préside la chaîne parlementaire Public Sénat, où il anime l’émission littéraire Bibliothèque Médicis14. En avril 2009, Gilles Leclerc lui succède à la présidence de la chaîne mais Jean-Pierre Elkabbach poursuit toutefois son émission littéraire Bibliothèque Médicis15. En avril 2012, il fait partie du jury de l’émission Qui veut devenir président ? sur France 416.

Le Point le considère comme « proche de la droite »17 alors que d’autres le considèrent comme journaliste de gauche[réf. nécessaire]. Début 2015, à la suite des attentats de Charlie Hebdo, il reçoit Marine Le Pen présidente du Front national dans une interview sur Europe 1. Il commence cette dernière par une phrase marquante: « Bonjour Marine Le Pen, vous n’avez pas honte? », pour critiquer son absence à la marche blanche organisée à Paris le 11 janvier en hommage aux victimes.

Vie personnelle

Marié à Nicole Avril, il est le père de l’actrice Emmanuelle Bach.[réf. nécessaire]

Distinctions

En mai 2009, l’ancien président français Jacques Chirac lui remet les insignes d’officier de la Légion d’honneur18,19. En juillet 2014, le Premier ministre Manuel Valls le promeut commandeur de la Légion d’honneur20.

En avril 2011, il est fait citoyen d’honneur de sa ville natale d’Oran21.

En avril 2016, il est décoré des insignes d’officier de l’ordre tunisien du Mérite culturel22.

Critiques

Jean-Pierre Elkabbach est accusé d’être trop proche du pouvoir, par exemple par l’émission satirique Les Guignols de l’info ou par Vincent Quivy23. Dans son essai intitulé Profession : Elkabbach, paru en 200924, l’auteur explique la longévité du journaliste par sa familiarité avec les dirigeants et ses concessions pour s’attirer leurs grâces25. Pour ses confrères Éric Zemmour et Christophe Barbier, Jean-Pierre Elkabbach pratique un journalisme propre à une génération, où l’« allégeance » est de mise26.

D’après le journaliste Paul Amar, Jean-Pierre Elkabbach aurait sollicité le soutien de Nicolas Sarkozy pour une nomination comme président de France 2 et France 3 en échange d’un soutien à Édouard Balladur à l’élection présidentielle de 199527,28.

Le chanteur Alex Beaupain cite « Elkabbach » et sa « mise au placard » après l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981 dans sa chanson Au départ (album Pourquoi battait mon cœur, 2011).

L’absence supposée d’indépendance de Jean-Pierre Elkabbach est régulièrement pointée par des médias tels que le mensuel Le Monde diplomatique29,30, l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné ou encore le site de critique des médias Acrimed31, proche de la gauche antilibérale.

Ségolène Royal a dénoncé à plusieurs reprises les méthodes de Jean-Pierre Elkabbach32 ; allant jusqu’à refuser plusieurs fois, pendant la campagne présidentielle française de 2007, d’être interviewée par ce dernier33.

Ouvrages

  • Jean-Pierre Elkabbach avec Nicole Avril, Taisez-vous Elkabbach !, éditions Flammarion, (ISBN 978-2-08-064421-3, LCCN 82153307)
  • Jean-Pierre Elkabbach, 29 mois et quelques jours, Paris, éditions Grasset, (ISBN 978-2-246-54341-1, LCCN 97169395)
  • Jean-Pierre Elkabbach avec Édouard Balladur, Passion et longueur de temps, Paris, éditions Fayard, (ISBN 978-2-213-02330-4)
  • « François Mitterrand : conversations avec un président » : documentaire tourné entre avril 1993 et juin 1994, diffusé sur France 2 au mois de mai 2001 en cinq épisodes.

Fiction

Jean-Pierre Elkabbach joue son propre rôle dans la série télévisée Baron noir (2016), en interviewant, en compagnie d’Arnaud Leparmentier et de Michaël Darmon, dans son émission Le Grand Rendez-vous diffusée par Europe 1, i-Télé et Le Monde, le président de la République fictif, Francis Laugier (incarné par Niels Arestrup).

VIDÉO

RDCannes 2005 – TOCQUEVILLE –